Un itinéraire qui compte autant de virages que d’imprévus : entre Rio et Paraty, la route ne se laisse jamais dompter. Un éboulement stoppe tout, un chantier fait patienter les plus pressés. Pourtant, la file de voitures s’étire, même quand les plages se vident. Vingt-cinq routes pour rallier la Costa Verde, mais combien offrent la promesse d’un port isolé ou d’une réserve où la forêt se referme ? Rien n’est jamais linéaire pour rejoindre Ilha Grande : les départs dépendent du vent, les arrivées de l’humeur du ciel. Ici, les horaires n’ont d’autorité que sur le papier.
Plan de l'article
Pourquoi la Costa Verde séduit les voyageurs en quête d’authenticité
Dès que l’on quitte Rio, la Costa Verde impose son propre rythme. Impossible de la forcer, elle dicte ses règles. Ici, la nature ne se contente pas de décorer le paysage : elle façonne chaque détour, absorbe les villages, colore les murs selon la lumière et l’humidité. Entre les montagnes de la Serra da Bocaina et celles de la Serra do Mar qui veillent sur la côte, tout semble trouver sa juste place. Les jours coulent lentement, les discussions s’étirent, les maisons basses semblent résister à tout ce qui change. À Paraty, la brume matinale s’attarde sur les toits, les pêcheurs traînent leur barque sur le sable, la vie se cale sur la marée, chaque geste prolonge une histoire vraie, jamais feinte.
Tout à Paraty plonge ses racines dans une nature sans filtre, entre la forêt touffue, la puissance des montagnes, la réserve de Joatinga et le sanctuaire de Cairuçu. Ici, la lumière et la mer règlent la journée, bien plus sûrement qu’une montre. Traverser la ville, c’est découvrir un équilibre rare : celui d’un lieu où la forêt n’a jamais reculé.
S’aventurer sur cette côte pour un voyage au Brésil, c’est faire le choix de l’authentique. On partage le quotidien des communautés caiçaras : pêche à la ligne sur des barques discrètes, manioc arraché à la main, canoës taillés à même le bois. Le Caminho do Ouro, cette route de l’or d’autrefois, ressurgit dans les récits que se transmettent les habitants. Ici, le lien à la forêt se transmet sans grands discours : il s’inscrit dans les gestes, répétés avec une constance qui force le respect.
De Rio à Ilha Grande : immersion dans une nature spectaculaire et une culture vivante
Partir de Rio, c’est accepter de se laisser happer par la côte, longer l’océan où la Serra do Mar disparaît pour mieux surgir derrière le rideau végétal. Peu à peu, la Costa Verde dévoile ses richesses : cascades bondissantes, villages suspendus entre collines et mer, forêts épaisses à perte de vue. Chaque halte révèle un visage propre. Mangaratiba, premier port d’accès à Ilha Grande, puis Angra dos Reis, écrin d’îlots saturés de verdure.
À Ilha Grande, le décor change : pas de voitures, on marche ou on rame. Certains s’attaquent au Pico do Papagaio, d’autres préfèrent le sable de Lopes Mendes ou la tranquillité préservée de Praia do Aventureiro. La réserve biologique s’étend, foisonnante ; les lagons transparents abritent oiseaux et animaux furtifs, loin du bruit.
Puis la route reprend, direction Paraty. Sur le chemin, Trindade mérite une vraie pause : village caiçara authentique, plages comme Praia do Meio ou Praia do Rancho, la fameuse Pedra que Engole qui intrigue, piscines naturelles cachées entre les rochers. Plus loin, le fjord tropical du Saco do Mamanguá attire les randonneurs, les kayakistes et tous ceux qui cherchent autre chose que la carte postale. Ce Brésil hors des sentiers battus se découvre dans l’échange direct : autour d’un poisson grillé partagé sur le marché ou sur le quai, la parole circule, franche et simple.
Paraty, joyau colonial entre plages secrètes et ruelles pavées
Au bout de la Costa Verde, Paraty s’étire paisiblement entre la baie et la Mata Atlântica. Inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, elle séduit dès les premiers pas : centre piéton, rues pavées, façades blanches rehaussées de bleu, de vert ou de jaune. Les places ombragées invitent à la pause, les églises baroques comme Santa Rita ou l’Igreja Matriz de Nossa Senhora dos Remédios rappellent les fastes d’antan.
Dans ce cadre soigné, chaque pousada affirme sa singularité, les cafés s’animent dès le soir venu. La Casa da Cultura met à l’honneur les talents locaux, le FLIP, festival littéraire de renom, rassemble auteurs et lecteurs sous les palmiers. Côté assiette, la cuisine locale s’impose : moqueca parfumée, poissons grillés, manioc revisité, cachaça fabriquée sur place, caïpirinha préparée dans les règles. Le cocktail Jorge Amado, hommage à l’écrivain, marie souvenirs et saveurs brésiliennes.
Autour de Paraty, il existe plusieurs plages confidentielles pour ceux qui recherchent la tranquillité : Praia do Jabaquara, Praia do Pontal, Paraty-Mirim, Picinguaba. On y accède à pied ou en bateau, loin des circuits classiques. Plus haut, protégés par le parc national de la Serra da Bocaina ou la réserve de Cairuçu, des points de vue impressionnants attendent les curieux. Ici, la lumière semble entrer en conversation avec la mémoire du lieu.
Conseils pratiques et idées d’itinéraires pour explorer la région sans stress
La Costa Verde laisse à chacun le loisir de bâtir son propre parcours. Entre Rio de Janeiro et São Paulo, Paraty relie la mata atlântica aux sommets de la serra da Bocaina. Arriver en semaine, c’est s’offrir des rues paisibles et des plages presque vides, à l’écart de la foule.
Pour organiser un séjour sur mesure et profiter pleinement de chaque moment, voici quelques propositions concrètes à intégrer à son programme :
- Démarrer la journée par une balade vers Praia do Jabaquara ou Praia do Pontal : deux lieux apaisants, parfaits pour savourer la douceur du matin.
- À midi, goûter aux produits du marché ou réserver une table dans le centre historique. L’après-midi, explorer les criques secrètes ou embarquer vers les îlots de la baie de Paraty.
Pour ceux qui souhaitent varier les plaisirs et s’éloigner des itinéraires trop connus, d’autres options méritent le détour :
- Ilha Grande : une île sans voitures, des plages accessibles à pied ou en bateau, des sentiers plongés dans la forêt primaire.
- Trindade : village authentique, plages spectaculaires, Pedra que Engole, piscines naturelles cachées dans la végétation.
- Saco do Mamanguá : un fjord tropical bordé de mangroves, à explorer en bateau ou à pied depuis Paraty-Mirim.
Prévoir au minimum trois jours permet d’alterner flânerie historique, escapades en forêt et rencontres avec les villages de pêcheurs. S’installer dans une pousada du centre donne accès à la ville à tout moment ; louer un vélo ou un canoë ajoute une dimension d’aventure. Quand le jour décline, que les pavés s’illuminent et que la mer prend des reflets dorés, la Costa Verde révèle son caractère le plus vrai. Ici, chaque voyage imprime une marque durable, à la frontière de la force brute et de la mémoire vivante.


