70 %. Ce chiffre n’évoque ni une brume sur Osaka, ni un engouement pour les sushis à Tokyo. Il s’agit tout simplement de la part du territoire japonais couverte par les montagnes. Un fait souvent dissimulé derrière la modernité criarde des villes, mais qui signe l’identité profonde du pays. Forêts inextricables, crêtes volcaniques, sentiers millénaires : ici, la randonnée n’est pas une simple activité, c’est une plongée dans ce que le Japon a de plus authentique à offrir. Le Kumano Kodo, par exemple, fait partie de la poignée de chemins de randonnée au monde classés à l’UNESCO, un privilège, mais aussi une invitation à arpenter l’histoire à chaque pas.
Sur l’archipel, chaque marcheur trace sa propre voie. Certains débutent tranquillement sur des tracés soigneusement indiqués, profitant de refuges accueillants ou d’auberges à taille humaine. D’autres cherchent le défi, enfilent chaussures et sac pour vaincre cols et volcans, s’écartant franchement de la frénésie urbaine. Parcourir le Japon à pied, c’est passer par des paysages qui n’ont rien à voir avec la carte postale attendue et rencontrer une tradition qui ne triche pas, enracinée dans le quotidien. On s’invite dans des hameaux modestes, on rejoint des villages perchés où l’atmosphère est brute, directe, sincère. Ici, l’exception se vit plus qu’elle ne se montre.
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Plan de l'article
Pourquoi les randonneurs raffolent du Japon
Aussitôt que la ville disparaît derrière soi, la vraie nature japonaise s’impose par une pluralité fascinante : volcans vertigineux, forêts épaisses, crêtes enchevêtrées et littoraux escarpés. Chaque région impose ses codes, chaque saison redistribue les cartes : Hokkaido s’endort sous la neige, l’automne éclabousse de carmin les versants, le printemps étire son manteau de fleurs le long des sentiers.
Préparer un trek au japon, c’est s’assurer mille occasions d’être surpris. Au nord, la pureté sauvage du Daisetsuzan saisit les amateurs de nature brute. Plus bas, la péninsule de Kii invite à parcourir le Kumano Kodo, tapis sous les cèdres, reliant sanctuaires mystérieux et villages discrets. Quant à Shikoku, son chemin des 88 temples dessine une boucle hors du temps, rythmée par les salutations des pèlerins, les traditions vivantes et cette hospitalité directe, parfois déconcertante.
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L’accueil, ici, se joue dans la simplicité : une soupe chaude au refuge, le réconfort d’un tatami net, ou une discussion honnête devant un feu de bois. À la fin, ce sont ces gestes simples qui marquent l’esprit, presque autant que le panorama.
Itinéraires d’exception et sentiers mythiques : diversité garantie
Décrocher quelques centaines de mètres de dénivelé sur l’archipel réserve toujours des surprises inattendues. Le mont Fuji, massif et digne, offre une palette d’ascensions variées. Certains partent de nuit, droite ligne d’apparitions de lampes frontales jusqu’à la première lumière. Quelques-uns misent sur le calme d’un bivouac ou d’une cabane sur le flanc, loin de la foule de l’été.
Poursuivre vers le nord, c’est prendre la mesure de l’immensité du Daisetsuzan : grands vents, cimes nues, forêts serrées et pistes effacées par la faune. Ici, rien n’est prévisible. Dans les Alpes japonaises, la vallée de Kamikochi lance les plus déterminés vers le Yarigatake ou le Hotakadake. Volonté, souffle et technique sont de mise. À l’arrivée, bivouac ou refuge épuré. La lassitude laisse vite place à la satisfaction de l’effort.
Plus au sud, les itinéraires du Kumano Kodo déroulent leurs marches paisibles entre lieux sacrés et introspection. Sur Shikoku, chaque stop à un temple devient le prétexte d’avancer. Les journées défilent entre traversées boisées et longues heures silencieuses, absorbé malgré soi par la régularité du pas. La transformation s’opère sans faire de bruit.
Préparer sa randonnée au Japon : conseils de terrain
Formalités et organisation avant le départ
Avant d’envisager les sentiers, quelques démarches sont à prévoir. Les marcheurs venus de France, de Belgique ou de Suisse bénéficient d’une exonération de visa pour un séjour jusqu’à 90 jours, à condition de présenter un passeport à jour. Pour les mineurs, une autorisation de sortie du territoire est requise. Toutes les consignes officielles apparaissent sur le site du JNTO.
Se loger, découvrir et vivre le Japon autrement
L’hébergement fait pleinement partie du voyage. Un ryokan, c’est l’accès à une élégance épurée : tatamis qui craquent sous le pied, repas soignés, bain chaud pour soulager les efforts du jour. En haute montagne, les yama-goya, ces cabanes sobres, rassemblent les randonneurs autour d’un bol chaud ou d’un récit du soir. Pour un contact direct avec la vie locale, le minshuku garantit des échanges francs et la découverte des habitudes des habitants. Et rien n’apaise autant, après une grosse journée, qu’un onsen où s’oublient toutes les tensions.
Transports, logistique, cuisine : la simplicité sur toute la ligne
Rejoindre les montagnes japonaises se fait sans prise de tête : le train, redoutable de ponctualité, dépose les marcheurs à portée de chaussures. L’occasion, entre deux correspondances, de savourer un ekiben, ce repas soigneusement préparé qu’on dévore sur le quai. Plus besoin d’endurer de longues marches avec un sac trop lourd, le service takkyubin gère les bagages et permet de les retrouver sans effort à la prochaine halte.
Pour ceux qui s’apprêtent à partir, voici quelques recommandations à garder en tête :
- Gardez un œil sur la météo : le climat évolue vite, surtout en montagne.
- Prévoyez des vêtements adaptés : jouer sur les couches, ne pas oublier l’imperméable et le coupe-vent selon la saison.
- Respectez les spécificités des lieux : temples et sanctuaires ont leurs codes et leurs usages, mieux vaut s’en informer avant d’entrer.
Marcher au Japon, ce n’est pas cocher un exploit sur une liste de voyages ; c’est accepter qu’un chemin, une rencontre ou un paysage bouscule un peu ce qu’on croyait attendre. Un pas après l’autre, le marcheur se surprend à vouloir prolonger le séjour. Parcourir l’archipel à pied laisse des traces : personne ne revient tout à fait pareil d’avoir trouvé son sentier secret sous les cèdres, les brumes ou au sommet d’une crête isolée.